L’année 2021 marquera une renaissance dans le monde entier.

L’un des grands principes de l’histoire de l’humanité est qu’après une période douloureuse viennent toujours des temps heureux. C’est souvent au moment où les hommes semblent avoir perdu tout espoir et ne croient plus en rien que la Nature infinie choisit de se manifester, de les surprendre et de les éclairer.

Le plus grand danger de ce virus était finalement qu’il parvienne à nous éloigner les uns des autres. Or, paradoxalement, ce virus tant redouté a permis aux individus, malgré les injonctions à se séparer, de se rassembler, au moins virtuellement, et de se coaliser, même si tous, durant cette période, ne poursuivaient pas les mêmes objectifs. Ceux qui ont été les plus touchés n’ont jamais été seuls. Ils ont été constamment soutenus par ceux qui, étant protégés naturellement, ont pu ainsi continuer à se battre aux côtés des premiers. Ce virus disparaîtra comme il est venu.

Les nations et les hommes n’ont pas réussi à s’accorder sur la manière de le combattre, mais, au moins, tous se sont entendus sur le fait qu’il fallait l’éradiquer. Chaque État, chaque individu doit pouvoir trouver la solution qui convient à son peuple, à soi-même, ce qui importe étant de pouvoir se soigner librement selon ses traditions, sa culture et ses croyances. Les solutions existent partout et sont à portée de main.

La nature même des êtres humains est leur sociabilité. Leur destination naturelle est d’agir ensemble, encore faut-il que ce soit unanimement pour la quête d’un bonheur commun. C’est ce désir d’être heureux ensemble qui différencie les sociétés humaines des troupeaux d’animaux. Et la liberté contient la plupart du temps la possibilité du bonheur.

Cette étrange période a eu le mérite de nous rappeler combien la liberté est précieuse. "On vit tranquille aussi dans les cachots ; en est-ce assez pour s’y trouver bien ?" (1) On se rend compte que sans bonheur et sans liberté, l’existence se limite aux fonctions organiques et n’a alors que peu d’intérêt. Voilà pourquoi nous devons sans cesse nous battre pour plus d’amour, de paix, de joie de vivre, de liberté.

Embrasser ses grands-parents, ses enfants est une joie à laquelle nous ne devons pas renoncer, eussions-nous de nombreux obstacles à franchir. La liberté est un combat. Elle n’est jamais donnée. Elle se conquiert.

La fin dernière de l’État n'est pas la domination ; ce n'est pas pour tenir l'homme par la crainte … la fin de l'État n'est pas de faire passer les hommes de la condition d'êtres raisonnables à celle de bêtes brutes ou d'automates, mais au contraire il est institué pour que leur âme et leur corps s'acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu'eux-mêmes usent d'une Raison libre, pour qu'ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu'ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l'État est donc en réalité la liberté (...) Par exemple, en cas qu'un homme montre qu'une loi contredit à la Raison, et qu'il exprime l'avis qu'elle doit être abrogée, il agit comme le meilleur des citoyens." (2)

D’aucuns affirment que nous ne vivrons plus jamais comme avant, qu’il y aura à coup sûr un monde d’après, mais ils ne sont pas vraiment capables d’énoncer clairement le modèle de société auquel ils aspirent et ne s’interrogent jamais sur l’unanimité de leur choix. Pour eux, c’est fait, en l’espace de quelques mois, nous aurions changé de culture, de civilisation, d’imaginaire, de société. Un nouvel être humain est né qui n’a plus rien à voir avec l’ancien. Or, un tel changement ne se décrète pas, personne ne peut décider que l’ensemble d’une société vivra désormais selon le paradigme imaginé par les cerveaux échevelés d’une poignée d’individus.

Bien présomptueux celui qui affirmerait prédire aujourd’hui avec certitude les inflexions de la société à venir.

Après le mauvais temps adviennent toujours les beaux jours.

Certains se complaisent à annoncer des heures sombres, des morts par centaines de milliers, d’autres virus mortels bien pire encore. Mais qui sont-ils finalement ces oiseaux de malheur ? Quelle est leur légitimité ? Ce que l’on peut simplement affirmer c’est que la Nature infinie n’abandonne jamais l’humanité. Les hommes et les femmes naissent pour expérimenter tour à tour des périodes de bonheur et de malheur. Une vie entière de souffrance est invraisemblable. Aucune existence humaine ne peut être uniquement jalonnée de tempêtes à affronter.

L’année 2021 doit être une année de partage et de joie.

Certes beaucoup d’entre nous ont tout perdu, leur entreprise, leur travail, leur maison, mais ils ne sont pas seuls dans leur désespérance. Il faut oser partager, donner, car la main fermée ne reçoit rien. Le don ne nous appauvrit jamais, il emplit les cœurs et toujours, celui qui donne se sent plus heureux que celui qui reçoit.

Mais le partage n’est pas seulement matériel. On peut partager des moments de joie, d’amitié, de fraternité.

A contrario, faire souffrir ses semblables, de même que tout être vivant sur cette planète, engendre une douleur pour soi-même bien plus intense que celle que l’on a infligée aux autres. En outre, cette douleur est irrémissible, elle ne vous quitte jamais.

Les pensées positives se concrétisent toujours. Ainsi, ceux qui ont subi de lourdes pertes en 2020 mais qui, malgré cela, ont gardé espoir seront prêts à recouvrer plus encore que ce qu’ils ont perdu.

En 2021, soyez davantage attentifs aux autres, à ceux que vous côtoyez chaque jour et dont, par indifférence, on ne devine pas la détresse.

L’écoute, le réconfort soulagent et soignent tout autant que les médicaments.

Aujourd’hui, tous embarqués sur une même galère, nous n’avons d’autre choix que de compter les uns sur les autres.

Lorsque le malheur s’abat sur tout le monde en même temps, chacun s’efforce tout naturellement de persévérer dans son être, autrement dit, de continuer à exister, mais comme tous tentent de survivre, des conflits peuvent survenir et des inimitiés s’installer, une souffrance esseulée contre une autre. C’est ce qu’il convient à tout prix d’éviter.

Il ne faut laisser personne diviser la société en propageant notamment l’idée fausse que les jeunes et les anciens, les riches et les pauvres, les femmes et les hommes, ne partagent aucun intérêt commun, ne font pas partie d’une même histoire et ne peuvent plus vivre en adéquation les uns avec les autres.

Partout, des pans entiers de la société basculent dans la pauvreté, y compris ceux qui, il y a quelques mois à peine, vivaient dans un certain confort matériel. Pour ces derniers particulièrement, la précarité financière est insupportable. Les familles se disloquent, les couples se séparent. La solidarité, l’entraide, le partage sont désormais le modus vivendi qui permettra de résister à la discorde, la violence, voire la barbarie, générées par la misère qui gagne du terrain.

En 2021, rapprochons-nous les uns des autres, battons-nous ensemble, soutenons ceux qui vacillent.

Si quelqu’un vous dit merci d’être là car j’aurais pu mal finir, alors vous aurez accompli quelque chose de considérable : préserver la vie. La seule chose qui doit nous guider, c’est la foi, croire, ne jamais douter que nous nous en sortirons ensemble. Ayons confiance, 2021 marquera la victoire collective des hommes de bien sur les hommes sans qualités.

Yancouba AÏDARA Président-Fondateur de la Fondation Aïdara Chérif (Union pour l’éradication de la pauvreté en Afrique)

Réf: (1) - Rousseau, Du Contrat Social (1762) , Livre I, Chap. IV. (2) - Spinoza, Traité théologico-politique, Chapitre XX : "Où l'on montre que dans un Etat libre, il est loisible à chacun de penser ce qu'il veut et de dire ce qu'il pense"